Jacques Balutin : « Pour éviter de vieillir, il faut éviter de penser qu’on est vieux ! »

Figure-JacquesBalutin_fmt1Jacques Balutin, qui triomphe aux côtés de Daniel Prévost dans « Les stars » (théâtre Saint-Georges à Paris jusqu’au 30 avril), a toujours le feu sacré après plus de 50 ans de carrière au théâtre et au cinéma. Pour lui, le métier de comédien est une vraie cure de jouvence…

À 78 ans, vous vous êtes lancé dans l’aventure d’une pièce à « monter » avec votre ami Daniel Prévost. Un projet de vieux fous, comme vous vous plaisez à le dire.

Eh oui, on mourait d’envie de remonter ensemble sur les planches et vu nos âges canoniques (rires), il fallait réussir à trouver une pièce qui nous corresponde à tous les deux. Daniel s’est souvenu des « Stars » de Neil Simon, qu’il avait vu jouer il y a longtemps par Alfred Adam et Jacques Fabbri. Avec l’aide de Daniel, Pierre Laville l’a remise au goût du jour et mise en scène. C’est à la fois une superbe comédie, mais avec en plus quelque chose de très humain et de profond dans l’écriture.

Est-ce que monter sur les planches vous procure toujours un plaisir incomparable ?

Dans ma vie de comédien de théâtre, j’ai joué uniquement dans des pièces comiques. Car pour moi, recevoir sur scène le rire des spectateurs est ce qu’il y a de plus euphorisant. Ça permet de rester jeune à condition que la mémoire et le physique suivent, bien sûr (sourires).

Justement, comment vous préparez-vous pour une pièce qui demande beaucoup d’énergie ? Vous faites encore beaucoup de vélo avec vos copains ?

Oui, mais pas uniquement pour le métier. Je fais toujours des sorties à vélo trois fois par semaine parce que j’adore ça. L’été, dans le sud, je roule même tous les jours. Et puis mes parents, merci papa et maman, m’ont doté d’une bonne constitution. J’ai encore l’image de mon père, disparu depuis une dizaine d’années, en train de rire un verre de champagne à la main avec un sweat-shirt Mickey sur les épaules à l’âge de 94 ans.

La retraite n’est donc même pas envisageable ?

Tant que les gens voudront bien venir me voir, je continuerai à jouer. Que voulez-vous que je fasse d’autre ? Quand je ne travaille pas, je m’ennuie. Et puis il faut arrêter de se prendre au sérieux et garder le sens des mots : un acteur ça joue, ça joue comme un enfant. Et qu’y-a-t il de plus génial que de continuer à s’amuser comme un enfant durant toute sa vie ? Et puis vous savez, pour éviter de vieillir, il faut éviter de penser qu’on est vieux.

Alors, que faites-vous quand vous ne jouez pas ?

Je cherche une nouvelle pièce à jouer (rires).

Il paraît que votre femme pense que vous avez toujours 14 ans.

(Rires) Et quand je ne suis pas sage, elle me dit de prendre mon vélo et d’aller jouer dehors. C’est vrai que c’est plus sympa de rester jeune dans sa tête. Souvent, les gens qui sont joyeux dans leur tête sont joyeux dans leur corps. Quand on n’a pas de problèmes de santé, bien sûr. Moi, je n’ai jamais fumé, je bois modérément du vin rouge et je fais du sport quand je peux. Ça aide à être en bonne santé au même titre que la joie de vivre. Mais attention, je ne suis pas non plus le Dalaï Lama…

Est-il vrai que quand vous montez sur scène, tous vos bobos sont oubliés ?

C’est incroyable, mais ça fonctionne pour bon nombre de comédiens. Si vous avez un cor au pied, votre personnage ne l’a pas et vous pouvez jouer deux heures sans souffrir. En revanche, dès que l’on sort de scène, la douleur revient vitesse grand V. D’ailleurs, il faut que je vous laisse et que j’aille me soigner (éclat de rire).