Georges Pernoud : «Flotter et avancer, deux mots qui ont guidé toute ma vie !»

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« J’admire aussi bien les grands navigateurs que les marins pêcheurs. »

Thalassa, le magazine de la mer de France 3, fête ses 40 ans ! Et son créateur, Georges Pernoud, profite de cet anniversaire pour publier une biographie (« Bon vent ! » – Carnets nord/Éditions Montparnasse) pleine de jolis bateaux, de paysages fantastiques et de personnalités hors du commun. Embarquement immédiat…

Le jeune caméraman qui n’avait pas le pied marin s’imaginait-il un jour créer un magazine sur la mer ?

On m’avait prévenu (rires). Et oui, ma première expérience de la mer a été terrible : je suis trempé de la tête au pied, j’ai froid, et la nourriture est sommaire mais surtout je suis malade comme un chien. Les marins me disent que ça va passer, et ça passe, mais la balade va durer 45 jours. Nous sommes en septembre 1973 et je filme, de l’intérieur, l’équipage du «33 export» pour l’étape de la première Whitbread entre Portsmouth et Cape Town. À l’arrivée, je dis « plus jamais ça », mais la mer est entrée dans ma vie.

À l’heure où l’on parle beaucoup d’inter-génération, Thalassa réconcilie tout le monde autour du petit écran.

J’étais, l’autre jour, avec Loïck Peyron qui me disait : «je ne pense pas qu’il y ait un seul Français qui n’ait pas vu au moins une fois Thalassa». C’est une fierté, mais au même titre qu’un cuisinier qui fait un bon plat que tout le monde apprécie.

Après 1 600 reportages diffusés sur Thalassa, vous parlez encore et toujours de lumière…

Ayant débuté comme caméraman, j’ai toujours attaché une grande importance à la lumière. Sans elle, il n’y a pas d’image. Pour moi, un caméraman est un peu comme un peintre qui doit composer son tableau, que ce soit en Bretagne nord ou au fin fond de la Sibérie. Je mentionne ces deux endroits parce j’ai eu très tôt un vrai coup de foudre pour la Bretagne nord, que j’ai d’abord filmée pour l’émission « La France défigurée ». La Sibérie, et plus particulièrement la région de Doudinka, dégage une atmosphère à la Bilal, un bout du monde aux lumières étonnantes… Mais je peux également vous parler de Tahiti, de l’Éthiopie ou de Zanzibar.

Dans votre livre, on découvre que vous avez été un des premiers à interviewer Arafat ou à filmer une expédition d’Haroun Tazieff, quels sont les autres personnages, connus ou inconnus, qui ont marqué votre vie ?

C’est vrai qu’Haroun Tazieff était un personnage extraordinaire et très sympathique sur le terrain. Côté marins, j’ai eu la chance de côtoyer Tabarly, Kersauson, Pajot, Poupon, Riguidel et tant d’autres qui sont tous de véritables aventuriers. Aujourd’hui, les marins compétiteurs disposent d’une vraie équipe autour d’eux et se préparent dans les moindres détails. J’ai aussi rencontré des personnalités hors du commun comme Jean-Louis Étienne, Agnès B qui a financé l’expédition Tara, François Cluzet ou encore Éric Orsenna. Mais j’ai également beaucoup d’admiration pour des marins pêcheurs anonymes qui partent chaque jour en mer pour faire vivre leur famille. Ils peuvent avoir la peur au ventre car la mer peut être vraiment capricieuse, c’est pourquoi il faut toujours la respecter.

Vous dites : « dans la vie, il n’y a que deux choses qui importent : flotter et avancer ». Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que, quel que soit votre domaine de prédilection, il faut s’en occuper et l’entretenir. En bref, si vous vous accrochez, ça peut marcher ! Ce n’est qu’une formule, mais elle me plait bien (sourire). Flotter et avancer, ces deux mots ont guidé toute ma vie…

D’où vient cette expression «Bon vent !» qui clôt chaque émission de Thalassa et qui est le titre de votre livre ?

Quand vous croisez un bateau en mer, vous le saluez toujours. Parce que le bonhomme qui est dessus viendra peut-être vous secourir deux jours plus tard (rires). Et puis, parce qu’il y a un respect entre ceux qui naviguent. Alors, pour conclure, je vous dis : «Bon vent, le Bel Âge !»